Ces infrastructures physiques logées au fond des océans et déployées sur des milliers de kilomètres entre plusieurs pays permettent au monde virtuel d’exister. Ils font fonctionner plus de 90% des liaisons internet mondiale et garantissent ainsi l’accès Internet aux différentes populations du globe. On en dénombre plus de 450 en 2023. Surnommées « autoroutes de l’information », ces câbles sous-marins font transiter les flux de données d’un continent à l’autre. De ce fait, ils représentent aujourd’hui un enjeu géopolitique majeur. En effet, pour l’heure, le ou les propriétaires d’un câble ont le contrôle sur les informations qui transitent via celui-ci. Ces câbles peuvent alors à la fois améliorer l’accès à l’information dans des parties reculées du globe, ou participer à la censure ou la mauvaise information.
Pourquoi un tel intérêt ?
Si les câbles sous-marins attirent autant de convoitises, c’est en premier lieu parce qu’ils sont l’une des clés de voûte de l’économie mondiale. En effet, plus de 95% des télécommunications mondiales passent par le câble, dont 97% du trafic Internet mondial. Sous les eaux, ce sont plus de 450 câbles sous-marins qui relient les continents et voient transiter plusieurs milliards de dollars de transactions financières quotidiennes. Sans eux, l’économie numérique et les richesses qu’elle génère s’effondrent.
Dès lors, contrôler les câbles sous-marins revient à avoir la main sur des liaisons intercontinentales au cœur de l’économie. À une telle position de puissance, les pays peuvent asseoir une totale souveraineté numérique, contrôler les données privées et publiques en transit, avec la certitude de ne dépendre d’aucune autre puissance. Outre l’assise économique et technologique qu’ils favorisent, les câbles sont également un outil pour le renseignement par exemple. D’où des jeux de pouvoir à l’échelle mondiale pour convoiter les câbles sous-marins.
A qui appartiennent-ils ?
Aucun État, à proprement parler, ne détient de câbles sous-marins. Ils sont plus à même de soutenir les entreprises privées dans le déploiement des câbles. Les États-Unis détiennent un pouvoir important. Une majorité de nos usages étant connectés à leurs entreprises privées, une grande partie des câbles atterrissent sur les plages américaines. Aujourd’hui, plus des ¾ de ces infrastructures sont entre les mains des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon).
Cependant, la Chine ne demeure pas en reste en soutenant la mise en place de câbles par ses entreprises nationales, ses GAFA locaux, les BAXT: Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. En investissant dans le déploiement de câbles entièrement gérés par des entreprises chinoises, le gouvernement chinois a ainsi la mainmise sur la transmission de l’information. C’est aussi une stratégie pour l’État afin de soutenir le business intensifié grâce à ces nouvelles routes numériques.
La Russie gagne également du terrain mais L’Europe qui reste coincée entre ces puissances, peine à trouver sa place.
Et l’Afrique ? L’attractivité du continent en la matière n’est plus à démontrer. La Chine se positionne comme un fournisseur de services numériques fiable pour les états africains, et cela pourrait constituer une partie de la raison pour laquelle elle a été particulièrement active dans la construction de systèmes de câbles sous-marins. Cependant le risque de monopolisation des systèmes de réseaux numériques en Afrique n’est pas à exclure.
Des projets à foison pour connecter l’Afrique
Depuis 2009 et rien qu’en Afrique Subsaharienne, sept chantiers de nouveaux câbles sous-marins en fibre optique se sont achevés. Plusieurs projets ont en effet vu le jour pour améliorer la connectivité sur le continent notamment :
- Le projet de construction d’un câble sous-marin dont le coût est estimé à 160 millions de dollars reliant les pays d’Afrique australe au Brésil par la société Angola Cables qui n’hésite pas à afficher son ambition de devenir une référence mondiale en la matière. La compagnie s’est fixée objectif de garantir l’accès des entreprises au haut débit qualitatif. Elle a renforcé les capacités data de son câble sous-marin de fibre optique international baptisé MONET en ajoutant 2,2 térabits aux segments du réseau reliant Miami aux Etats-Unis et Fortaleza et São Paulo au Brésil pour améliorer les performances des services cloud. Angola Cables justifie l’augmentation des capacités de son câble sous-marin de fibre optique par l’actuelle adoption rapide et massive des services numériques à travers le monde.
- Le projet MainOne, premier câble sous-marin à propriété exclusive appartenant à des intérêts privés le long du littoral ouest africain. MainOne est un câble sous-marin de 7 000 km avec des stations d’atterrissement au Nigeria, au Ghana et au Portugal. Plusieurs possibilités existent encore avec des unités de ramification le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest au Maroc, aux îles Canaries, au Sénégal et en Côte d’Ivoire afin de répondre à l’augmentation attendue de la demande de capacité. Par extension, MainOne peut également s’interconnecter avec SEACOM et d’autres câbles internationaux de Seixal au Portugal via les réseaux européens et transatlantiques de Tata Communications à Telehouse, à Londres.
- Le projet de câble sous- marin PEACE (Pakistan & East Africa Connecting Europe) reliant la Chine à l’Europe est développé par Huawei Marine Networks, qui a récemment été racheté par Hengton Group, l’un des plus grands producteurs chinois de fibres sous-marines de pointe. Le câble PEACE commence à Gwandar, au Pakistan et devrait devenir la route la plus courte entre l’Asie et l’Afrique. La route de 15 000 kilomètres a des sites d’atterrissage à Djibouti, au Kenya, aux Seychelles et en Afrique du Sud, ainsi qu’une branche qui relie l’Europe avec un site d’atterrissage à Marseille, en France.
- Le projet 2Africa est considéré comme l’un des plus grands projets de câbles sous-marins au monde, avec une présence chinoise. 2Africa, un investissement estimé à 800 millions de dollars, illustre parfaitement les nouvelles ambitions de la firme Mark Zuckerberg en Afrique. 2Africa réunit un consortium de huit acteurs internationaux (China Mobile International, Djibouti Telecom, Facebook, MTN Global Connect, Orange, Saudi Telecom Company (STC), Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC (West Indian Ocean Cable Company)) engagés à construire un câble desservant 28 points d’atterrissement dans 23 pays, dont 16 africains, avec une capacité supérieure à celle de tous les câbles sous-marins desservant actuellement le continent.
- Le projet Equiano est un câble sous-marin international privé détenu par Google. D’une longueur de 15 000 km, il relie Sesimbra (Portugal) à Cape Town (Afrique du Sud), avec des embranchements à Lagos (Nigeria), Lomé (Togo), Swakopmund (Namibie), Rupert’s bay (Sainte-Hélène), etc. Le câble Equiano est une infrastructure de pointe basée sur la technologie de multiplexage par répartition spatiale (SDM), avec 12 paires de fibres et une capacité de conception de 144 Tbps, soit environ 20 fois plus de capacité réseau que le dernier câble construit pour desservir cette région. Equiano est le premier câble sous-marin à intégrer la commutation optique au niveau de la paire de fibres, plutôt que l’approche traditionnelle de commutation au niveau de la longueur d’onde.
Sources :
- Agence ECOFIN : https://www.agenceecofin.com
- Wikipédia : https://www.wikipedia.org
1 Comment
Ina Bunn
décembre 14, 2023Dear siliconeconnect.com owner, Your posts are always well-received by the community.