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Le Numérique Vert, on en parle…

La planète va mal et le numérique a sa part de responsabilité dans ce mal être environnemental. C’est acté, l’industrie du numérique a une empreinte écologique qui croît de plus en plus vite et qu’il faut à tout prix réduire. En effet, la transformation digitale, qui bouleverse nos sociétés, le monde de l’entreprise et les modèles de production et de consommation, nécessite l’extraction de ressources et leur transformation en composants électroniques ce qui représente, de loin, la première source d’impacts environnementaux, suivies par les pollutions associées à la fin de vie. Dans un tel contexte, le numérique responsable ou numérique vert au service du développement durable trouve toute sa raison d’être.

 

L’éveil des consciences 

Aujourd’hui le numérique s’impose comme un véritable levier de croissance de l’économie mondiale au regard des revenus qu’il génère par ses innovations. Plus qu’une industrie c’est désormais une culture, un mode de vie qui modifie le regard sur le quotidien, influe sur les croyances et impacte la perception de l’actualité et des objets.

E-commerce, E-santé, E-banking, streaming vidéo, minage des cryptomonnaies, production et accumulation d’équipements numériques, Internet des objets, explosion du big data, projets de villes intelligentes etc. La vie 2.0, oui mais à quel prix ?

La consommation énergétique liée aux usages du numérique croit au rythme vertigineux et insoutenable de 9% par an, causant 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Ce constat sans appel a de quoi éveiller les consciences. En effet, cette tendance est insoutenable à long terme et le secteur du numérique doit impérativement prendre conscience de sa responsabilité et des efforts qu’il lui faut maintenant accomplir pour l’avenir.  Aussi les appels à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation énergétique se multiplient à travers plusieurs instances : conférences des Parties (COP) sur les changements climatiques, initiatives citoyennes, ou encore plans de relance qui engagent les Etats dans des actions de transition écologique.

Par ailleurs, des citoyens changent volontairement leurs comportements, et par une multitude de petits gestes quotidiens, rendent leur mode de vie plus respectueux de l’environnement. Les entreprises ne sont pas en reste, elles intègrent également l’idée que le développement du numérique s’accompagne d’un impact environnemental qui fait l’objet d’une prise de conscience progressive. « Sobriété numérique », « numérique responsable », numérique « low tech », des alternatives se développent pour tenter de rendre compatibles la transition écologique et la transition numérique.

 

Le paradoxe de la connectivité pour tous

Il est vrai que l’urgence climatique incite à rechercher une sobriété énergétique et à limiter le déploiement des infrastructures. Cependant nombreux sont les Etats, les entreprises et les citoyens qui aspirent à davantage de connectivité synonyme de modernité et de développement. Raccordement à la fibre, couverture mobile, meilleur débit ou meilleure qualité de service, il peut s’agir d’un enjeu de développement et d’attractivité pour les uns, d’usages et d’accès à des outils d’avant-garde pour les autres. Car il est vrai qu’aujourd’hui, la majorité des services sont dématérialisés, y compris ceux des Etats. Être connecté devient nécessaire pour bon nombre de formalités. L’accès à l’Internet très haut débit et à une couverture mobile de qualité est devenu priorité pour bon nombre de gouvernements.

Les chiffres de connexion à internet sont d’ailleurs vertigineux : des centaines de milliers de nouveaux utilisateurs se connectent chaque jour, 74 500 gigabytes de données sont envoyés à chaque seconde. Les infrastructures dédiées s’étendent partout : réseaux terrestres câblés et sans fil, câbles sous-marins, satellites de communication. La vitesse de connexion est en constante accélération : 2G (85 % des connexions en Afrique subsaharienne), 3G, 4G – qui représente en 2023 62 % des connexions mobiles dans le monde – et une « course à la 5G » qui se déroule dans de nombreux pays développés.

Les initiatives pour la mise en œuvre d’une connectivité universelle sont légion au niveau des agences onusiennes, des universités américaines, des fondations etc. Ces entités, chacune dans leur diversité réfléchissent sur des problématiques aussi diverses que les zones non encore connectés au système numérique, la réduction du coût de l’accès à l’internet dans les pays à revenu faible et intermédiaire, l’accès à un internet ouvert et pour tous etc. Les états ne sont pas en reste puisqu’on dénombre aujourd’hui bon nombre de plans nationaux de haut débit avec divers axes stratégiques d’intervention comme : l’amélioration de la collecte et de la diffusion de l’information, l’intervention sur les modèles économiques d’accès à la connexion, l’augmentation du pouvoir d’achat lié aux appareils et aux services, des prestations de services numériques plus efficaces, la réduction des obstacles juridiques pour accéder à internet etc. Alors dans cette course effrénée vers toujours plus de connectivité, la question se pose : « Comment concilier connectivité pour tous et soutenabilité ? ». Le débat reste ouvert.

 

En République du Congo, l’ARPCE se mobilise pour un numérique soutenable

 

Au Congo Brazzaville, le secteur des TIC est régulé par l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE) créée en 2009, création qui a marqué l’ouverture du secteur des TIC à la concurrence. L’ARPCE encadre l’activité des opérateurs, garantit le service aux usagers et recouvre pour le compte de l’État, les droits, taxes et redevances des secteurs des Postes et des communications électroniques. L’ambition de l’ARPCE est de faire de l’enjeu environnemental un nouveau chapitre de la régulation. C’est dans cette optique que l’ARPCE a initié le projet « Numérique soutenable » afin de prendre en compte dans ses décisions l’impact environnemental du numérique des trois sous ensemble : les réseaux, les terminaux et les Datacenters.

Pour le régulateur, les entreprises de services numériques ont une responsabilité toute particulière. Au carrefour de toutes les chaînes de valeur du digital, elles ont une visibilité unique sur les usages et sur les performances des équipements et peuvent aider à prendre conscience des enjeux, à faire d’une exigence écologique une opportunité économique et à centrer la réflexion sur l’utilisateur pour en faire le premier acteur de la transformation. Mais en matière d’environnement, le seul discours de la vertu a largement montré ses limites. Pour mobiliser leurs collaborateurs derrière ces objectifs, les entreprises doivent donc aller plus loin et mettre en place un véritable plan d’accompagnement du verdissement de leurs usages numériques. Elles doivent former les utilisateurs à ces enjeux et les inciter positivement à changer leurs pratiques ; leur apporter des preuves des impacts qu’elles dénoncent et des gains qui seront progressivement réalisés ; et, enfin, inscrire la dimension environnementale dans une vision stratégique plus large pour en faire un engagement porteur de sens et un levier de différenciation, clés d’une création de valeur durable. C’est dans cette perspective que le 29 juin 2023, l’ARPCE organisait un atelier de sensibilisation et de formation sur l’empreinte environnementale du numérique. Elle appelait associations, institutions, opérateurs, entreprises du numérique, personnalités intéressées à prendre part à cet atelier. Il s’agissait là d’une première étape vers un « baromètre environnemental » que l’ARPCE souhaite mettre en place pour mettre à disposition du public les données les plus pertinentes sur l’empreinte environnementale des réseaux, des terminaux et des usages.

 

Impacts environnementaux des équipements et infrastructures numériques

Il convient de rappeler que les impacts environnementaux des équipements et infrastructures numériques sur le changement climatique sont importants et touchent toutes les phases de cycle de vie (fabrication, distribution, utilisation et fin de vie). La phase de fabrication est la principale source d’impact suivi de la phase d’utilisation ce qui confirme l’importance des politiques visant à allonger la durée d’usage des équipements numériques à travers la durabilité des produits, le réemploi, le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation. Concernant la fabrication, les impacts sont importants pour deux raisons principales :

  • Les équipements relatifs aux équipements et infrastructures numériques sont très demandeurs en énergie pour leur fabrication. Par ailleurs, ces équipements utilisent une quantité importante de matière rares (or, argent, cuivre).  Ces matériaux requièrent également beaucoup de ressources et d’énergie, et génèrent beaucoup de déchets (principalement des roches extraites). Cela explique les impacts élevés sur les ressources et la production de déchets.
  • Concernant l’utilisation, les impacts viennent majoritairement de la consommation d’électricité. La fin de vie présente principalement des impacts négatifs sur l’épuisement des ressources abiotiques naturelles. La distribution a un impact moins important, mais non négligeable.

 

Les Datacenters sur la ligne de mire

Les installations des opérateurs de télécommunications – centres de données, réseaux, etc. sont pointés du doigt même s’il est vrai que les réseaux des opérateurs ne représentent qu’une fraction infime des émissions face aux data centers et à la fabrication des smartphones. Les datas centers, rappelons le, sont des infrastructures physiques extrêmement sécurisées, permettant de stocker, de traiter et de partager des données numériques. Ces installations informatiques composées d’ordinateurs, de serveurs, de commutateurs ou d’espaces de stockage, sont répartis dans de petites pièces ou dans d’immenses salles et se comptent par milliers sur la surface du globe. Ils fonctionnent en continu pour être en mesure de conserver et de partager les données numériques à toute heure et consomment 2% de l’électricité mondiale. De fait, la consommation d’énergie de cette infrastructure constitue la principale source de pollution. Par ailleurs, les data centers sont construits avec des métaux rare, notamment le cobalt. Ces ressources non renouvelables et non recyclables sont extraites via des procédés particulièrement polluants. Au-delà de l’extraction, la fabrication, la distribution et la fin de vie des équipements qui composent les data centers constituent la deuxième plus grosse source de pollution après la consommation d’énergie.

 

Les opérateurs aussi s’engagent

Face à l’explosion des usages mais également par souci d’économie, les opérateurs ont bien compris l’intérêt de « consommer » moins mais également de fonctionner avec de l’énergie renouvelable. Les opérateurs cherchent d’abord à optimiser leurs réseaux fixes et mobiles. Concrètement, cela signifie adapter la puissance des antennes en fonction du trafic, remplacer les vieux équipements par du nouveau matériel moins énergivore, utiliser des antennes recyclées, ou reconditionnées. Aujourd’hui, cet effort passe surtout par des certificats de garantie d’origine. L’exemple de l’opérateur de Télécommunication Silicone Connect basé en République du Congo est parlant.

Pour un opérateur comme Silicone Connect, l’engagement responsable se matérialise par le volet environnemental de la politique QHSE adoptée par la direction générale et publiée à l’ensemble de ses employés et fournisseurs.

Parmi le choix des équipements télécom que la société déploie, la consommation électrique est un critère particulièrement important lors de la sélection des matériels, pour trois raisons. Premièrement, pour une raison technique : pour une capacité de batteries donnée, un équipement sobre va fonctionner plus longtemps, procurant une autonomie plus grande en cas de coupure de courant ce qui est un avantage pour la continuité des services, ce qui contribue directement à une meilleure qualité pour les clients (moins de coupures).

Deuxièmement, pour une raison économique : un équipement plus économe en consommation électrique aide à réduire l’empreinte écologique des sites télécom : les groupes électrogènes peuvent être plus petits, les parcs de batteries nécessitent moins de capacité pour la même durée d’autonomie, et ainsi de suite.

Troisièmement, une résultante de la réduction de la consommation et de la réduction de la taille des installations contribue directement à réduire l’impact environnemental : moins d’électricité consommée (70% de la production congolaise provient de la centrale à gaz de Djeno, fortement génératrice de gaz à effet de serre), permet l’installation de parcs à batteries plus petits donc cela fait moins de matériaux polluants déployés, idem pour les panneaux solaires et les groupes électrogènes qui génèrent moins de pollution à la fabrication lorsqu’ils sont de plus petite dimension.

*Lire les engagements QHSE  de Silicone Connect .

 

Mais quels sont les freins au numérique vert ?

Les freins au numérique vert restent forts et découlent du modèle même du secteur, qui vit au rythme de l’innovation perpétuelle. On peut en citer plusieurs. Le frein règlementaire, d’abord. En effet, le cadre réglementaire ne permet pas la mise en place de projets plus soutenables et les actions réglementaires existantes ne sont pas suffisamment mises en application. Très clairement, Il y a un manque de réglementations fiscales effectives et harmonisées. Les entreprises ne sont pas convaincues d’aller vers des activités plus environnementales, dû parfois à de fortes taxations. Par ailleurs, Il y a peu de réglementations sur l’obsolescence logiciel et marketing ce qui incite à renouveler des équipements encore en état de marche. Il est également important de relever le manque de réglementation sur l’usage des infrastructures. En effet, il existe aujourd’hui encore peu de contraintes environnementales par exemple pour les infrastructures comme les datacenters. Le frein culturel, ensuite. Il est imputable au manque de connaissance sur le sujet et au fait que les entreprises qui ne sont pas sont pas encore beaucoup sensibilisés aux risques et aux impacts environnementaux n’en font pas encore une priorité. Le frein technique qui découle de la complexité des méthodes d’évaluation des impacts du numérique et de l’absence de méthode de mesure officielle, gratuite et disponibles pour tous. Le frein économique dû au manque d’incitation économiques dans la mise en œuvre de solutions alternatives et au peu de ressources allouées au sujet du numérique responsable En effet dans les pays où l’importance de la sobriété énergétique et la sensibilisation aux émissions de CO2 n’est pas commune, comment en vouloir aux entrepreneurs nationaux de n’y accorder aucune considération ? Somme toute, il s’agit de mettre en place une incitation financière aux mesures envisagées afin que le numérique contribue de manière positive à la transition écologique. Enfin, le dernier frein qui est celui de la dispersion des responsabilités. Du fabricant à l’utilisateur final, les impacts environnementaux se partagent en une multitude d’acteurs tout au long du cycle de vie d’innombrables composants matériels et logiciels et deviennent invisibles et/ou incontrôlables. Fort heureusement, ces écueils ne constituent pas un facteur boquant, mais ils expliquent la raison pour laquelle les appels à la sobriété numérique ont jusqu’à présent trouvé si peu d’écho.

 

Coup de projecteur sur quelques bonnes pratiques

Il est certain que l’impact du numérique est variable en fonction de la taille des entreprises et de leurs équipements, mais quelques bonnes pratiques ou reflexes devenues universelles peuvent être mis en place afin d’entamer une démarche numérique responsable.

Le cloud : un hébergement responsable

Faire appel au cloud pour l’hébergement des données est une démarche éco-responsable pour deux raisons : la mutualisation des installations permet de ne consommer que l’énergie dont on a besoin en fonction l’application hébergée. Lorsque l’on fait appel à un cloud provider pour héberger ses données, de nombreuses actions peuvent permettre de limiter l’impact environnemental de la consommation.

Une consommation plus respectueuse et mesurée

Pour les entreprises, développer des pratiques digitales responsables (éteindre ses appareils, limiter les pièces jointes, n’imprimer que les documents nécessaires…), revoir les politiques d’équipement afin de limiter au nécessaire les capacités des matériels et d’en allonger la durée de vie, effacer des données que l’on n’utilise plus (emails, photos anciennes…) constituent des pistes importantes d’amélioration. La majorité des impacts proviennent, en effet, de la consommation électrique et de la fabrication des nouveaux matériels.

Arrêt sur la multiplication des terminaux

Dans le numérique, le premier impact pour la planète reste la dépense énergétique causée par l’électricité nécessaire pour fabrication des terminaux (téléphones, ordinateurs, télévisions, etc.) sans parler de l’exploitation des ressources naturelles nécessaires, dont le coût écologique est élevé. A ce titre la multiplication des objets connectés n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la planète et avec l’arrivée de la 5G, de nombreux particuliers et entreprises vont changer de téléphone, ce renouvellement de terminaux est très préjudiciable pour l’environnement.

 

Sources :

  •  Livre blanc numérique et environnement : Faire de la transition numérique un accélérateur de la transition écologique;
  • L’économie verte frein ou accélérateur de croissance, les échos juin 2012
  • www.greenit.fr
  • www.arpce.cg

 

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